Crocus Sativus, Fleurs du Bonheur 2018-2020
Depuis 2004, Guillaume Barth s’intéresse au safran, à sa symbolique, aux propriétés et vertus de sa fleur, le crocus sativus. Des expériences personnelles l’ont motivé, partant d’une nécessité profonde, à s’intéresser plus intensément à cette fleur : recherches, voyages, préparations, il va même jusqu’à en cultiver. Lors d’un voyage à l’Est de l’Iran (2018), l’artiste a vu comment le désert de la région de Khorasan se métamorphose, pour une courte période, en une mer de fleurs violettes.
« En suivant une intuition, sur les traces de l’origine de certains poèmes soufis, j’ai découvert les champs de safran dans le désert de Khorason en Iran. À l’automne, le paysage désertique se transforme en un écrin déconcertant de couleur mauve. Une odeur séduisante se déploie sur des kilomètres à la ronde. Cette région est depuis longtemps la plus grande surface de culture de cette fleur. Khorason signifie en persan « là où le soleil est né. » L’histoire de la plante a commencé de manière énigmatique sur l’île de Santorin en Grèce il y a plus de 5 000 ans, puis la fleur a voyagé sur le pourtour méditerranéen en allant vers l’Asie. La culture s’est répandue par la suite en Europe et s’est développée plus tard en Amérique. Le crocus est symbole de vie et régénération. Il fleurit et est directement récolté pour en extraire ses précieux stigmates. Les plus vieilles mentions du safran rendent compte de ses propriétés médicinales et thérapeutiques. Pourtant, aujourd’hui la culture du safran sert majoritairement à une utilisation gastronomique. « La préciosité de l’épice n’est pas simplement liée à son coût de production. Symboliquement la fleur a bien plus de valeur. Elle a traversé le temps et les continents, exerçant un fort pouvoir d’attraction et d’inspiration sur l’homme. » L’artiste s’intéresse aux mythes et récits faisant mention de cette fleur ainsi qu’à son utilisation rituelle, spirituelle et médicinale. « Dans la mythologie grecque, on raconte que Krokus, un très bel homme amoureux d’une nymphe nommée Smilax, jouait au lancé du disque avec Hermès, son ami sur l’Olympe. Malheureusement il fût mortellement blessé à la tête durant le jeu. On dit que le sang de Krokus coula et fertilisa la terre. À cet endroit, une petite fleur mauve est apparue. Cette fleur porte depuis le nom de « crocus » et est le symbole de la vie et la renaissance. » L’exposition comprend les trois premières fleurs que l’artiste a cueillies en 2018 dans le désert de Khorasan à l’Est de l’Iran et qu’il a conservées en herbier dans son carnet de croquis. Ce travail marque le début d’un nouveau projet en cours de réalisation. Dans le cadre d’un projet de recherche pluriannuel, il réalise l’installation d’une safranière à Brunstatt en Alsace. Durant son voyage, l’artiste a participé à la récolte des fleurs et à l’extraction de l’épice avec une famille iranienne. L’artiste partagera le fruit de sa récolte, 1 gramme de safran, lors d’une cérémonie de thé.
Felizitas Diering, directrice du Frac Alsace, texte réalisé pour le catalogue de l’exposition Transmergence juin 2019.
Le projet Crocus Sativus Fleurs du Bonheur est soutenu par la fondation [N.A! ] project
Les recherches se poursuivent dans le cadre de ma deuxième année de résidence au Studio National des Arts Contemporains du Fresnoy.