Cycle du noir

Le noir ramène au fondement à l'origine.
Émergence Résurgence, Henri Michaux 1979.

Sculpture pour distiller le noir,
2014, cuve acier, tube en caoutchouc, réchaud à gaz, eau teintée en noir, bouteilles en verre et bouchons en liège.

Les travaux avec le noir sont une suite de dispositifs commencés en 2012. Processus lent et complexe, les pièces de cette série évoluent au gré de questionnements métaphysiques, du rapport au monde et de l'idée de mort.

Au départ, il y a un souvenir lointain de ma petite enfance ; Allongé, je ferme les yeux et contemple l'espace intérieur vide de couleur. Je me demande alors si ce que j'observe ressemble à la vision d'un être défunt.

Le noir me fascine autant qu'il m'effraie.

En 2012, je présente une première installation au E-werk à Freiburg.

L'espace est séparé en deux parties par une gouttière qui conduit de l'eau colorée en noir. En cheminant, on accède dans une seconde salle où l'on découvre une cuve remplie du même liquide.

Le mouvement lent, presque imperceptible du noir permet de se voir en reflet au dessus de la citerne.

Le circuit est une boucle, la pesanteur du noir détonne avec le calme apparent.

C'est ici que tout commence et c'est ici que tout se termine aussi.
2012, cuve et gouttières galvanisées, tube en caoutchouc, eau colorée en noir environ 900 litres.

La même année je présente une sculpture estomac. Cet organe est la pompe symbolique qui alimente le premier dispositif.

C'est un disque bombé en acier qui tient en équilibre sur la tranche. Un tube en caoutchouc sort du centre de la sculpture et s'étend jusqu'à l'extérieur de l'espace.

Estomac,
2012, acier, tube en caoutchouc, dimensions variables. 

En 2014, je présente une autre version.

La sculpture pour distiller le noir est une invention pour pouvoir extraire et contenir le noir. Le volume de la sculpture « estomac » est orienté à l'horizontal posé sur un réchaud à gaz. Il contient l'eau colorée en noir de la première installation. Le tube devient un enchevêtrement aléatoire qui termine sa course dans une bouteille en verre.

101 bouteilles de noir seront fabriquées durant cette opération.

Sculpture pour distiller le noir,
2014, cuve acier, tube en caoutchouc, réchaud à gaz, eau teintée en noir, bouteilles en verre et bouchons en liège.

L'année suivante, j'imagine la suite de la série. La sculpture vidée précédemment de son contenu sombre est entaillée pour laisser apparaître le volume intérieur. Celui-ci est recouvert de feuilles d'or. Une autre force intervient à ce moment du projet, la sculpture se transforme en « organe alchimique ».

La forme reprend sa position initiale en équilibre debout sur la tranche. Après avoir subi différents changements d'états le noir s'est transformé en un objet solaire.

Organe Alchimique,
2016, acier et feuille d’or, 126x126x70cm

Aurum,
2016, feuilles d’or sur photographie numérique 42x 21 cm, multiple de 20 exemplaires.

2017, dernière étape en date. Une masse noire formée de l'ensemble des bouteilles est suspendue à hauteur d'homme.

Les ténèbres ne pourront pas être contenues indéfiniment.

La position d'équilibre fragile ne tient qu'à un fil. Elle répond à des cycles complexes dont les mouvements ne peuvent être interrompus.

Le noir sera libéré dans un énorme fracas.

Après le noir,
2017, 101 bouteilles de noir suspendues à 170 cm, bouteilles en verre, eau teintée en noir, drisses en nylon.