Guillaume Barth est sculpteur. Ses œuvres prennent la forme d’installations, de photographies, de films, de dessins ou même de compositions musicales. Elles sont réalisées dans différents pays et impliquent souvent des recherches interdisciplinaires pluriannuelles : « Mes idées se construisent depuis des lieux différents, ont des formes originales qui semblent s’éloigner les unes des autres, mais à y regarder de plus près, leur part d’invisibilité se recouvrent dans un même ensemble. » écrit-il. L’artiste s’intéresse aux pratiques anciennes et contemporaines, aux rites et savoirs traditionnels qui interrogent la relation de l’homme à son environnement dans une approche holistique de la nature. Cela se reflète dans ses œuvres, dans lesquelles l’intuition première, le processus de création et la forme plastique sont inextricablement liés et font sens. « À chaque fois qu’on me raconte une légende, dans les différentes communautés que j’ai pu rencontrer, j’y trouve des correspondances. Il existe une origine similaire et j’essaie de donner une forme à cette expérience. Il y a l’idée de la spiritualité, cette origine commune qui lie tous les peuples, cette force au-delà de la nature […] Au commencement, j’imagine que tout le monde était autour d’un cercle. Avec le temps, nous nous sommes éloignés d’un centre mais au départ, nous étions tous au même endroit. Selon moi, les œuvres existent au préalable. Mon travail est de revenir en arrière, d’aller chercher dans un autre temps, de reconstituer les liens entre les éléments pour les faire apparaître dans la réalité. Aussi, l’art, c’est de transmettre une expérience, une émotion au travers d’un échange d’énergie. »

En tant que sculpteur, Guillaume Barth travaille autant des matériaux traditionnels tels que le bois, la terre cuite, le béton, le métal, le tissu, que des matériaux éphémères et moins conventionnels comme l’eau, le feu, le sel ou les plantes. Il explore la notion de sculpture au sens large et cherche une esthétique universelle (aisthesis). « Le choix de mes matériaux est toujours lié à une émotion. La matière me transmet une énergie qui me fait ressentir quelque chose. Tout ce que je fabrique, je le fais avec mes mains. C’est important d’avoir un rapport physique avec la matière. » Par ses voyages et rencontres, Guillaume Barth a développé des projets singuliers. De miroirs à la feuille d’argent en provenance d’Iran (L’Œil de Sîmorgh 2017- 2018) aux blocs de sel du Salar de Uyuni de Bolivie (Projet Elina 2013-2015), en passant par des crocus sativus, dont on extrait le safran, aux chênes plantés à partir d’une graine ramassée dans la forêt de Stuttgart (Concert pour une Nouvelle Forêt), il nous propose une œuvre subtile qui relève d’une dialectique entre l’éphémère et l’intemporel.

Felizitas Diering, 2019

Toutes les citations de l’artiste proviennent d’une conversation entre Guillaume Barth et Felizitas Diering, printemps 2019 au FRAC Alsace

— Tansmergence, entretien avec Félizitas Diering 2019,